3. La supplémentation en multi-micronutriments.
3.1 Contexte de l’utilisation de la supplémentation en multi-micronutriments
La supplémentation en multi-micronutriments pendant la grossesse est un des sujets actuels qui fait le plus débat dans le milieu nutritionnel. Deux courants s’affrontent avec, pour chaque camp, de nombreuses études réalisées pour appuyer leurs propos.
Les suppléments de multi-micronutriments sont composés de 15 vitamines et minéraux que sont les vitamines A, D, E, PP, B(1,2,6 et 12) et C, l’acide folique, le fer, le zinc, l’iode, le sélénium et le cuivre (source : USAID, 2001). Face aux nombreuses conséquences des carences en micronutriments observées chez la femme et les nourrissons, la supplémentation en multi-micronutriment a été utilisée pour la première fois en 1998, à l’initiative de l’UNICEF, de l’UNU et de l’OMS. Le supplément (appelé UNIMAP) est encore utilisé de nos jours dans les situations d’urgence et dans la recherche (Christian & West Jr., Sans date).
3.2 Avantages de ce type de supplémentation
En 1993, Trowbridge et al, après le constat selon lequel les femmes présentent de nombreuses carences suggèrent l’utilisation de suppléments de multi-micronutriments. Il est soutenu par Yip en 1997 et Alnwick en 1998 qui suggèrent que la combinaison de plusieurs micronutriments avec un seul mécanisme de distribution est plus avantageuse du point de vue rendement/prix. Par la suite, l’Académie Nationale des Sciences (NAS) suggèrera en 1998, qu’une stratégie de promotion de la consommation accrue des suppléments multi-micronutriments serait plus efficace que la promotion de quelques micronutriments (Huffman, Baker, Shumann, & Zehner, 1998).
De nombreuses études ont été réalisées pour démontrer de l’efficacité de la supplémentation en multi-micronutriments, notons au passage que les compositions de ces suppléments varient en fonction des essais et ne sont pas toutes identiques à celle proposée par l’UNICEF.
@ De nombreux essais de supplémentation en vitamine A et fer ont montré de meilleurs résultats que la supplémentation en fer seul chez les femmes enceintes anémiées (Huffman, Baker, Shumann, & Zehner, 1998).
@ Au Népal, la consommation de suppléments de multi-micronutriments (15 micronutriments), durant le second et troisième trimestre de grossesse, a été positivement associée à une augmentation du poids de naissance, comparativement à une consommation de fer et folate seuls (Osrin & al. 2005).
@ Une étude menée auprès des femmes enceintes aux Etats-Unis a montré qu’une supplémentation en multivitamines améliorerait la croissance fœtale et l’âge gestationnel de la progéniture des femmes afro-américaines (Burris, Mitchell, & Werler, 2010).
@ L’administration des multi-micronutriments aux femmes enceintes dénutries pourrait réduire l’incidence du faible poids de naissance et de la morbidité néonatale précoce, comparativement à la supplémentation en fer et folate uniquement.
De nombreuses limites et beaucoup de zones d’ombre restent encore à dépasser avant de conclure à une réelle efficacité de la supplémentation en multi-micronutriments.
3.3 Contraintes et limites de la supplémentation en multi-micronutriments
Les champs d’efficacité de la supplémentation en multi-micronutriments restent encore très limités. Seules quelques études ont démontré son efficacité dans l’amélioration du poids de naissance, dans la réduction de la mortalité et de la morbidité néonatales. De nombreuses questions restent cependant ouvertes sur la pertinence de cette supplémentation. Les questions de l’interaction entre les micronutriments, les interférences au niveau de l’absorption et la validité des essais conduits restent entières. Il est important de remarquer que la plupart des études visant à améliorer le statut en micronutriments des femmes enceintes n’utilisent pas de suppléments de plus de trois micronutriments (Huffman, Baker, Shumann, & Zehner, 1998).
Des études tendent aussi à prouver que la combinaison de suppléments de micronutriments pendant la grossesse n’améliore pas les symptômes de la morbidité néonatale précoce et à 6 semaines d’âge (Christian et al. 2007). D’autres études de supplémentation ont montré que la supplémentation en multi-micronutriments entrainerait une augmentation du risque d’asphyxie (Christian et al. 2007).
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