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vendredi 15 juillet 2011

Les suppléments multi-micronutriments sont-ils pertinents pendant la grossesse ? (4ième partie)

4. Conclusion

Compte tenu du contexte et de la prévalence de la carence en micronutriments dans le monde en général et les PED en particulier, la supplémentation en micronutriments des couches vulnérables de la société (femmes, enfants et vieillards) est une nécessité indéniable et difficilement contestable. La grossesse rend la femme plus vulnérable aux conséquences des carences, surtout dans les PED. Dans ces pays, les femmes sont souvent carencées, surtout en fer et en folate. Cette situation a conduit les autorités à mettre sur pied des politiques de supplémentation des femmes en quelques micronutriments parmi lesquels le fer, le folate et la vitamine A avant et après la grossesse. La pertinence de ces politiques n’est plus à démontrer et les recherches actuelles se sont orientées vers la supplémentation en multi-micronutriments. Les raisons évoquées pour encourager ce type de supplémentation sont le fort taux de femmes carencées des PED, la grande variété des types de carences observées et le rapport qualité/coût qui est positif. Malgré ces raisons motivantes et les études encourageantes au vu des résultats positifs observés (particulièrement dans la transmission du VIH aux nourrissons), la supplémentation en multi-micronutriments reste encore décriée et de nombreuses études sont effectuées actuellement pour juger de la pertinence de cette dernière pendant la grossesse.

5. Références bibliographiques

1. Burris, H. H., Mitchell, A. A., & Werler, M. M. (2010, Mars). Periconceptional multivitamin use and infant birth weight disparities. AEP, 20(3), pp. 233-240.

2. Christian , P., Darmstadt, G., Wu, L., Khatry, S., LeClerq, S., Katz, J., et al. (2007, Août 3). The effect of maternal micronutrient supplementation on early neonatal morbidity in rural Nepal: a randomised, controlled, community trial. Consulté le Août 6, 2008, sur Archives of Disease in Childhood: http://adc.bmj.com

3. Christian, P., & West Jr., K. P. (Sans date). Prenatal Multiple-micronutrient supplementation: Current state of knowledge and priorities. Consulté le Avril 07, 2011, sur le site d'USAID: http://pdf.usaid.gov/pdf_docs/pnadk393.pdf?onlineViewer=false

4. Gupta, P., & al., e. (2007, Janvier). Multimicronutrient supplementation for undernourished pregnant women and the birth size of their offspring: A double-blind, randomized, placebo-controlled trial. Archives of pediatrics and adolescent medicine, 161, pp. 58-64.

5. Huffman, S. L., Baker, J., Shumann, J., & Zehner, E. R. (1998). Promouvoir des suppléments de multiples vitamines/minéraux pour les femmes en âge de procréer dans les pays en développement. (P. LINKAGES, Éd.) Washington DC: Académie pour le développement de l'éducation.

6. Osrin, D., Vaidya, A., Shrestha, Y., Baniya, R. B., & al. (2005, Mars 3). Effects of antenatal multiple micronutrient supplementation on birthweight and gestational duration in Nepal: double-blind, randomised controlled trial. Consulté le Avril 09, 2011, sur The Lancet: www.thelancet.com

jeudi 30 juin 2011

Les suppléments multi-micronutriments sont-ils pertinents pendant la grossesse ? (3ième partie)

3. La supplémentation en multi-micronutriments.

3.1 Contexte de l’utilisation de la supplémentation en multi-micronutriments

La supplémentation en multi-micronutriments pendant la grossesse est un des sujets actuels qui fait le plus débat dans le milieu nutritionnel. Deux courants s’affrontent avec, pour chaque camp, de nombreuses études réalisées pour appuyer leurs propos.

Les suppléments de multi-micronutriments sont composés de 15 vitamines et minéraux que sont les vitamines A, D, E, PP, B(1,2,6 et 12) et C, l’acide folique, le fer, le zinc, l’iode, le sélénium et le cuivre (source : USAID, 2001). Face aux nombreuses conséquences des carences en micronutriments observées chez la femme et les nourrissons, la supplémentation en multi-micronutriment a été utilisée pour la première fois en 1998, à l’initiative de l’UNICEF, de l’UNU et de l’OMS. Le supplément (appelé UNIMAP) est encore utilisé de nos jours dans les situations d’urgence et dans la recherche (Christian & West Jr., Sans date).

3.2 Avantages de ce type de supplémentation

En 1993, Trowbridge et al, après le constat selon lequel les femmes présentent de nombreuses carences suggèrent l’utilisation de suppléments de multi-micronutriments. Il est soutenu par Yip en 1997 et Alnwick en 1998 qui suggèrent que la combinaison de plusieurs micronutriments avec un seul mécanisme de distribution est plus avantageuse du point de vue rendement/prix. Par la suite, l’Académie Nationale des Sciences (NAS) suggèrera en 1998, qu’une stratégie de promotion de la consommation accrue des suppléments multi-micronutriments serait plus efficace que la promotion de quelques micronutriments (Huffman, Baker, Shumann, & Zehner, 1998).

De nombreuses études ont été réalisées pour démontrer de l’efficacité de la supplémentation en multi-micronutriments, notons au passage que les compositions de ces suppléments varient en fonction des essais et ne sont pas toutes identiques à celle proposée par l’UNICEF.

@ De nombreux essais de supplémentation en vitamine A et fer ont montré de meilleurs résultats que la supplémentation en fer seul chez les femmes enceintes anémiées (Huffman, Baker, Shumann, & Zehner, 1998).

@ Au Népal, la consommation de suppléments de multi-micronutriments (15 micronutriments), durant le second et troisième trimestre de grossesse, a été positivement associée à une augmentation du poids de naissance, comparativement à une consommation de fer et folate seuls (Osrin & al. 2005).

@ Une étude menée auprès des femmes enceintes aux Etats-Unis a montré qu’une supplémentation en multivitamines améliorerait la croissance fœtale et l’âge gestationnel de la progéniture des femmes afro-américaines (Burris, Mitchell, & Werler, 2010).

@ L’administration des multi-micronutriments aux femmes enceintes dénutries pourrait réduire l’incidence du faible poids de naissance et de la morbidité néonatale précoce, comparativement à la supplémentation en fer et folate uniquement.

De nombreuses limites et beaucoup de zones d’ombre restent encore à dépasser avant de conclure à une réelle efficacité de la supplémentation en multi-micronutriments.

3.3 Contraintes et limites de la supplémentation en multi-micronutriments

Les champs d’efficacité de la supplémentation en multi-micronutriments restent encore très limités. Seules quelques études ont démontré son efficacité dans l’amélioration du poids de naissance, dans la réduction de la mortalité et de la morbidité néonatales. De nombreuses questions restent cependant ouvertes sur la pertinence de cette supplémentation. Les questions de l’interaction entre les micronutriments, les interférences au niveau de l’absorption et la validité des essais conduits restent entières. Il est important de remarquer que la plupart des études visant à améliorer le statut en micronutriments des femmes enceintes n’utilisent pas de suppléments de plus de trois micronutriments (Huffman, Baker, Shumann, & Zehner, 1998).

Des études tendent aussi à prouver que la combinaison de suppléments de micronutriments pendant la grossesse n’améliore pas les symptômes de la morbidité néonatale précoce et à 6 semaines d’âge (Christian et al. 2007). D’autres études de supplémentation ont montré que la supplémentation en multi-micronutriments entrainerait une augmentation du risque d’asphyxie (Christian et al. 2007).

 

lundi 20 juin 2011

Les suppléments multi-micronutriments sont-ils pertinents pendant la grossesse ? (2ième partie)

2. Différentes interventions existantes pour lutter contre cette carence.

La nécessité de mettre sur pied des programmes spécifiques de lutte contre les carences en micronutriments vient d’une part d’une volonté de mobiliser les ressources en faveur des objectifs des différentes conférences internationales (conférence sur les droits de l’enfant en 1990, la conférence internationale de nutrition en 1992 et le sommet mondial de l’alimentation en 1996…) et d’autre part après avoir constaté que : Les programmes de lutte contre la pauvreté ne suffisent pas à lutter contre la carence en micronutriments, les programmes agricoles améliorent peu la qualité nutritionnelle des rations alimentaires et les programmes généraux de nutrition sont peu efficaces. Les différentes interventions pour une amélioration du statut en micronutriments sont basées sur trois stratégies : l’enrichissement, la supplémentation et le changement de pratiques alimentaires dans le sens de l’amélioration. Ces trois stratégies se combinent parfaitement dans une optique d’amélioration du statut en micronutriments, la supplémentation est souvent nécessaire et efficace, mais elle n’est pas durable et doit servir de moteur aux approches alimentaires.

De nombreux programmes de supplémentation existent déjà sur le terrain et les résultats sont plus ou moins appréciables au vu du statut des personnes carencées.

La période de grossesse est l’une des périodes clés des programmes de lutte contre les carences en micronutriments de par les lourdes conséquences observées dans le déroulement de la grossesse et dans le développement future du bébé. Les effets de la déficience en micronutriments chez la femme enceinte ont été largement démontrés au fil des années. De nombreux programmes ciblant cette période existent déjà, nous pouvons citer entre autres la supplémentation en fer + folate, en iode et en zinc.

jeudi 9 juin 2011

Les suppléments multi-micronutriments sont-ils pertinents pendant la grossesse ?

Table des matières

Liste des abréviations.

1. Contexte de la carence en micronutriments dans le monde.

2. Différentes interventions existantes pour lutter contre cette carence.

3. La supplémentation en multi-micronutriments.

3.1 Contexte de l’utilisation de la supplémentation en multi-micronutriments.

3.2 Avantages de ce type de supplémentation.

3.3 Contraintes et limites de la supplémentation en multi-micronutriments.

4. Conclusion.

5. Références bibliographiques.

 

Liste des abréviations

NAS: National Academy of Sciences

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

PED : Pays en développement

UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l’enfance

UNIMAP: United Nations Multiple Micronutrient Preparation

UNU: United Nations University

USAID: United States

 

1. Contexte de la carence en micronutriments dans le monde.

Bien que souvent négligée au détriment des carences en énergie ou en macronutriments, la carence en micronutriments dans le monde reste un problème majeur de santé publique. La planète entière est concernée car contrairement à ce que l’on pense, les pays développés continuent de faire face à ces problèmes nutritionnels, bien que leurs prévalences soient de loin inférieures à celles des pays en voie de développement ou émergents. Cette négligence apparente s’explique, d’une part par le fait que les conséquences des carences en micronutriments sont difficilement détectables chez un individu avant un certain seuil, d’autre part que très peu de données sur la prévalence et l’impact sur la santé de ces carences ont été jusqu’à présent collectées.

Les carences en micronutriments les plus fréquentes sont les carences en Fer, en Iode, à la vitamine A, au Zinc, à la vitamine D, au calcium et au sélénium. Au niveau mondial, la priorité d’intervention est donnée aux carences en fer, iode et vitamine A pour plusieurs raisons :

  1. Leurs prévalences exactes sont connues dans la plupart des pays,
  2. ils sont à l’origine des problèmes de santé publique les plus importants (anémie, cécité nocturne, crétinisme ou baisse des facultés cognitives, problèmes au cours de la grossesse et pendant l’accouchement) parmi ceux causés par les carences en micronutriments,
  3. les conséquences sur la santé sont bien identifiées,
  4. les professionnels disposent d’indicateurs de surveillance,
  5. les méthodes de contrôle sont connues, efficaces et peu couteuses.

Dans les pays en développement, les preuves d’un apport insuffisant en micronutriments tels que la vitamine A, le zinc, le cuivre, les vitamines B6 et B12, la riboflavine et le calcium sont nombreuses (Huffman, Baker, Shumann, & Zehner, 1998). Elles y démontrent l’urgence et la nécessité d’interventions ciblées afin de réduire les impacts de ces carences. Les causes de ces dernières sont multiples et liées, un régime alimentaire inadéquat en qualité conjugué aux fréquentes infections et infestations des femmes des PED contribuant largement à les développer. Les carences affectent la santé des femmes à tous les stades de leur développement ainsi que celle des nourrissons allaités au sein (Huffman, Baker, Shumann, & Zehner, 1998).